Alexandre Donsimoni fait le bilan de la saison écoulée

 

Un peu plus d'un mois après la fin de l'exercice 2013-2014, Alexandre Donsimoni déjà en pleins préparatifs pour une nouvelle aventure, dresse le bilan d'une saison quelque peu décevante et des plus éprouvantes. Entre espoirs et désillusions, l'année aura été riche en rebondissements et en enseignements, ce qui aura permis au coach de la Pro A d'établir un nouveau projet et de profiler son futur groupe.

 

 

 

Avec le recul, quel regard portes-tu sur l'exercice 2013-2014 ?

 

J'ai toujours pensé qu'au PAN on avait des résultats supérieurs aux moyens qui nous étaient donnés mais cette année ça a été l'inverse. Donc forcément, je ne suis pas satisfait du résultat. On a été longtemps l'outsider pour la cinquième place, du moins jusqu'à la mi-saison, et puis ce qui nous a fait défaut depuis deux ans a pris encore plus d’ampleur, c'est à dire l'ambiance et l'adhésion au projet, et on a fini par chuter.

 

Comment analyses-tu la première partie de la saison où tout semblait plutôt bien se dérouler ?

 

C'est étonnant que tout ce soit bien déroulé car on était dans l'attente de la naturalisation de notre capitaine Zoltan Varga, donc on avait un en moins et ensuite on a eu la blessure de Jure Nastran qui ne nous a pas facilité la tâche non plus. Je pense qu'on avait des garçons comme Sébastien Monneret qui étaient en état de grâce et qui ont permis à l'édifice de tenir encore. Quand l'édifice est branlant, il est juste branlant, il ne branle pas encore.

 

Le fait de battre le record de buts du club (22 contre Senlis) a-t-il changé quelque chose ?

 

Bizarrement non ! Je pensais que ce match nous servirait pour la suite, qu’il serait une référence mais en fait, pas du tout. Après j'avais l'impression de devoir reconstruire le groupe à chaque match, dans la victoire comme dans la défaite. Il y avait un vrai problème d'équilibre au quotidien.

 

Justement après cette bonne première partie de saison on avait de bons espoirs pour la suite et puis d'un coup, le groupe a carrément implosé. Que s'est-il passé ?

 

Le détonateur a été le stage en Espagne qui devait nous permettre de viser la 4e place ou du moins de conforter la 5e. A Barcelone on a très bien travaillé mais à notre retour on a eu une désillusion plutôt acerbe (défaite à Sète 12-10) et c'est là qu'il y a eu cette implosion du groupe qui nous a été fatale.

 

 

"Je pense que le ver était déjà dans la pomme et je pense l'y avoir introduit."

 

 

 

Suite à ça, tu as poussé un gros coup de gueule, avec des messages forts. Est-ce que ça a changé quelque chose finalement ?

 

Non ! Je pense que le ver était déjà dans la pomme et je pense l'y avoir introduit. Il y a eu des défauts de management, des erreurs qui ont été faites de ma part. J'ai cru en certaines choses et j'ai dû revoir mes prévisions, mes ambitions mais également ma méthode de travail. Ca a été une année difficile mais qui nous servira énormément dans le futur, j'en suis sûr.

 

De cet échec, que retires-tu ?

 

Que pour faire du très haut niveau, la politique de la main tendue et de la main sur l'épaule ne fonctionnent pas ! Avec cette méthode, on a réussi à faire complètement exploser le club et si on veut franchir un cap, il faut tout changer. Je me suis rendu compte que la reconnaissance et le respect dans le haut niveau étaient des notions très abstraites.

 

 

"Ce qui est certain, c'est qu'en gardant cet effectif, on était sûr de ne pas avoir de meilleurs résultats"

 

 

Tu as annoncé dans ton coup de gueule du mois de mars que si les joueurs ne changeaient pas d'attitude, il y aurait des changements. Où en est-on aujourd'hui ?

 

On en est entre 70 et 80% de renouvellement de l'effectif. On avait pour habitude de ne changer que deux ou trois joueurs chaque année, cette fois c'est l'inverse, on en gardera que deux ou trois.

 

Ce qui était certain pour le club, alors que ma nomination à la tête de l'équipe a été remise en question à deux reprises, c'est qu'il fallait changer de projet et surtout qu'il fallait changer l'équipe. Il fallait avoir le cran de le faire avec des joueurs qui sont là depuis de nombreuses années. J'ai présenté un projet aux dirigeants et ces derniers ont décidé de me faire confiance.

 

Ce qui est certain, c'est qu'en gardant cet effectif, on était sûr de ne pas avoir de meilleurs résultats. Aujourd'hui on ne dépend plus de la bonne ambiance et de ce coté familial mais des partenaires du club et des institutions qui nous donnent quelque part une obligation de résultat et donc, on est obligé de changer. Il ne faut pas oublier que notre métier c'est la performance, on ne peut donc plus se satisfaire de notre train-train et de notre confort.

 

Sur quels critères as-tu fait tes choix, que ce soit pour couper ou conserver les anciens, ou que ce soit dans le recrutement de nouveaux éléments ?

 

Evidemment il y avait des critères financiers et des critères de performance. Il y avait aussi un critère de cycle de travail, c'est à dire qu'on part sur un système avec des joueurs plus jeunes. On a commencé il y a 6 ans en élite avec l'équipe la plus jeune et cette année, on était la deuxième la plus âgée avec en plus l'absence de résultat. Forcement il fallait changer ça d'autant plus que l'exigence physique va être plus importante.

 

Dans quel état d'esprit abordes-tu la nouvelle saison ?

 

La saison qui vient de s'écouler a été la plus difficile de ma carrière et j'avais besoin qu'elle s'arrête. Je suis revenu de certaines de mes pensées, de certaines certitudes pour recourir à des méthodes que j'avais avant en plus mais que j'avais un peu perdu de vue. Il a fallu que je fasse un travail sur moi avec l'aide d'un préparateur mental et aujourd'hui j'ai construit un projet auquel je crois et que j'ai hâte de mettre en place.

 

Alors qu'est-ce que tu vas changer dans ta façon de coacher cette équipe ?

 

Déjà je vais plus professionnaliser mes rapports avec les joueurs. Je ne vais quasiment plus avoir de joueurs avec lesquels j'ai joué ou que j'ai formés. Je vais remettre le travail au centre de mon projet. Ce sera une méthode nouvelle avec des joueurs qui savent pourquoi ils sont là, avec des joueurs très pros, avec une exigence au quotidien qui donnera le ton et qui mettra au diapason tout le groupe. Il y aura huit joueurs qui vont s'entrainer deux fois et demi par jour, c'est deux fois plus que l'année dernière et ça nous changera du une fois et demi par jour à trois joueurs de l'an passé.

 

 

Xavier Faugère

 

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